Faut-il réinventer les codes de notre société ?
Je m’appelle Victoire, un prénom que je n’ai pas choisi mais que j’assume pleinement ! Étudiante en biotechnologies, je fais partie de ce que l’on appelle la « génération Y », une appellation peu poétique et, à vrai dire, un peu déprimante. Si la génération Y succède à la génération X, nos enfants porteront la lettre Z, et après ? Personnellement, je préfère m’imaginer comme « Petite Poucette », le surnom donné par Michel Serres !
Après avoir exploré votre site, je ressens l’envie de « questionner le numérique ». Nous avons la chance – et je trouve personnellement que c’est une chance – de vivre dans un monde en constante évolution. Bien sûr, cela peut être légèrement effrayant si l’on y réfléchit trop longtemps !
Serge Soudoplatoff a raison de dire que « Le numérique est un nouvel alphabet que l’on découvre en marchant… ». Le monde évolue rapidement, souvent sans crier gare, et pourtant nous devons déchiffrer cet alphabet, tout en construisant une histoire qui puisse s’inscrire dans le temps, pour que nos enfants puissent à leur tour continuer ce récit.
Les « anciennes générations » ont eu le temps d’élaborer des codes au fil des ans : des codes juridiques, culturels, professionnels… Aujourd’hui, nous nous réveillons chaque matin avec de nouvelles technologies ou des applications inconnues. Sans crier gare, nos lunettes deviendront des outils de communication avec notre environnement, et nos voitures seront bientôt capables de rouler sans nous. Même dans des domaines plus quotidiens, comme l’éducation, des questions se posent : les enseignants sont amenés à intégrer les tablettes dans les écoles, tout en devant s’adapter à la « présomption de compétences » que Michel Serres décrit, et à des élèves impatients, qui, se sentant parfois incompris par une pédagogie dépassée, expriment leur frustration par des incivilités, voire de la violence.
Prenons l’exemple de l’enseignement : ne devrait-on pas réinventer le « code culturel » de la classe, qui consiste encore à faire asseoir les élèves face au maître pendant une heure de cours ? Si oui, qui doit prendre en charge ce changement ? On parle aujourd’hui de modèles communautaires, d’intelligence collective comme vecteurs de réussite. Cela signifie-t-il qu’une « communauté intelligente » pourrait redéfinir les codes de l’école pour qu’elle s’adapte au monde numérique ? N’est-ce pas une utopie ? Ce raisonnement peut être étendu à d’autres domaines : avec l’apparition des voitures autonomes, le code de la route ne va-t-il pas devoir évoluer ? L’âge requis pour obtenir un permis de conduire aura-t-il encore un sens ? Et qu’en est-il de l’alcoolémie au volant si le conducteur n’est plus qu’un « passager » ?
Nous sommes tous attachés à nos habitudes, souvent par peur du changement. Pourtant, je me dis qu’il serait peut-être plus sage d’anticiper ces mutations, de les orchestrer, plutôt que de se laisser guider par les événements.
La société doit se réinventer, mais cela ne doit pas se faire dans une logique de rupture brutale. Plutôt que d’attendre que le changement nous soit imposé, nous avons la responsabilité de le façonner ensemble. Nous avons les outils et les connaissances nécessaires pour imaginer un monde où la technologie sert de levier pour un meilleur équilibre social, culturel et économique. Mais pour y parvenir, il faut une volonté collective, un engagement citoyen à repenser nos structures, nos codes et nos valeurs pour qu’ils répondent aux défis de demain.